L’exotisme et Duke Ellington

Claude Carrière et Leïla Olivesi, 4 dec 2015

Ellington est un des rares grands créateurs de la première génération des jazzmen à avoir manifesté une réelle curiosité pour les musiques étrangères à celles de sa communauté et de son pays. Dès les années trente, et surtout sous l’influence de son tromboniste porto-ricain Juan Tizol, apparurent à son répertoire des pièces qui empruntaient leurs rythmes et leurs couleurs aux musiques des Caraibes , de Porto-Rican Chaos à Moon over Cuba, en passant par l’incontournable Caravan. Les spécialistes du genre, souvent perplexes mais toujours amusés et séduits à l’écoute de ces oeuvres – Oscar Barahona, orfèvre en la matière, que nous avons consulté, et Leïla Olivesi elle-même qui travailla sérieusement la question à Cuba – s’accordent sur le fait que le Duke inventa tout au long de sa carrière une palanquée de rythmes et de mélodies fidèles à l’esprit, rarement à la lettre, laissant l’authenticité aux musiciens du cru, et fantasma, en touriste extrêmement curieux, attentif et respectueux, des îles enchanteresses, des Afrique et des orients moyens et extrêmes de rêve et de pure fantaisie, avec une imagination faramineuse, en particulier dans le traitement des couleurs sonores. Strayhorn y prit souvent part, on s’en doute. Voilà pourquoi on va tous se régaler….

Conférence du 4 décembre 2015, Conservatoire à Rayonnement Régional de Paris – département jazz, sous la direction de Jean Charles Richard

 

 

Claude Carrière a été journaliste à Jazz Hot de 1969 à 1980, producteur à France Musique de 1975 à 2008 (diffusion intégrale de l’œuvre d’Ellington « Tout Duke » et nombreuses séries thématiques), il a créé le « Jazz Club » en 1982 avec Jean Delmas, diffusé chaque semaine en direct. Claude Carrière a également réalisé de nombreuses rééditions phonographiques et albums thématiques. Il a présidé l’Académie du Jazz de 1993 à 2004 et la fédération Grands Formats jusqu’en 2011. Pianiste, il a publié deux  albums « Looking Back » et « For All We Know » (avec la jeune chanteuse Rebecca Cavanaugh). Officier des Arts et Lettres, président d’honneur de l’Académie du jazz, président de la Maison du Duke.

Leïla Olivesi a découvert le jazz dès l’âge de treize ans au sein de la troupe des P’tits Loups du Jazz avec laquelle elle enregistre quatre disques et se produit sur les grandes scènes parisiennes : Olympia, Théâtre des Champs-Elysées, Cirque d’hiver. Après une maîtrise de philosophie à la Sorbonne, elle sort diplômée en piano jazz et en composition du conservatoire. Elle forme en 2002 le Brahma Sextet avec lequel elle gagne plusieurs concours : Tremplin Jazz à Montmartre, 1er prix de groupe et 2d prix de composition aux Trophées du Sunside. Elle est remarquée au tremplin Jazz Ile de France et au Concours National de Jazz de la Défense. En 2004, elle enregistre son premier album « FRIDA » qui reçoit un prix SACEM. En 2006, elle est invitée au Midem pour une création SACEM avec son projet Aïcha Kandicha et elle réalise une tournée en Grèce et en Turquie avec Cultures France. Le ministère de la jeunesse et des sports lui décerne un prix Défi Jeunes pour son album « L’Etrange Fleur » qui sort chez Nocturne en 2007. Leïla Olivesi a joué avec Magic Malik, Elisabeth Kontomanou, Rick Margitza, Manu Codjia, Sébastien Llado, Alex Terrier, Ali Jackson, Stéphane Belmondo, Jeanne Added, Julien Alour, Anne Paceo… Elle se produit dans de nombreux festivals en France et à l’étranger comme Ankara Jazz Festival, Marciac, Orléans…

Leïla compose également des musiques de films :

  • « Paroles de jeunes filles »
    Film documentaire de Delphine Schmit 2007
  •  « Un choix pour la vie »
    Film documentaire de Karim Miské – 52′ – Point du Jour 2009 / France2
  • « Musulmans de France »
    Films documentaires de Karim Miské – 3X52′ – Compagnie des Phares et Balises 2009 / France3

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