Jean-François Georges , 11 avril 2021 (distanciel) Ellington avait décidé de renforcer sa section de saxophones pour la faire passer à cinq membres. Le 8 janvier 1940, il accueille une star de l’instrument, Ben Webster, en ouverture d’une résidence de 2 semaines au Southland Café de Boston. Webster, qui avait joué brièvement avec l’orchestre en 1935 et 1936, jouait dans l’orchestre de Cab Calloway et Ellington a du trouver le moyen de parvenir à ses fins sans créer trop de dommages. Selon Milt Hilton qui tenait la contrebasse dans l’orchestre de Cab, « Webster avait toujours eu envie de jouer avec Ellington. Il avait fait savoir à Duke qui lui avait répondu : ‘J’adorerais t’avoir dans l’orchestre, mais Cab est comme mon frère et je ne peux débaucher personne de chez lui. Si un jour tu n’avais plus de travail, je pourrais t’en donner’. Ces mots ont germé dans la tête de Ben qui a commencé à économiser. Six mois plus tard, alors que nous étions à Cleveland et Duke à Chicago, Ben a présenté sa démission et c’est rendu à Chicago pour dire à Duke : ‘Eh bien, je suis au chômage’, et Ellington l’a engagé. » L’arrivée de Webster a immédiatement posé un problème de partitions, puisque la musique est écrite pour 4 saxophones et qu’aucune partie n’est prévue pour lui. Il lui a donc fallu trouver sa propre partie (la 5ème voix) qui fonctionnerait bien dans l’arrangement, tout en évitant de prendre celle d’un collègue : ‘Hey, tu m’as piqué ma note !’ La musique de Duke a gagné en richesse, en originalité et en dissonances. Par ailleurs, Ellington a immédiatement utilisé les talents de Webster en tant que soliste dans des compositions qui ont fit dates, telles que All Too Soon, Conga Brava, Just-a-Sittin’ et bien sûr Cotton Tail.
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